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Hong Kong, mon Amour

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Message Personnel.

Voici maintenant près de 7 mois que je vis à Hong Kong. Cette ville et ses habitants me fascinent toujours autant.

Hong Kong est une ville unique au monde parce qu’à mon sens, elle est ce parfait point de basculement entre l’Ouest et l’Est. Elle vous est à la fois totalement familière et totalement étrangère.

C’est une jungle urbaine où l’on peut étouffer de chaleur mais avec des plages magnifiques où l’on peut passer des journées inoubliables.

Elle est à la fois très chinoise et pas très chinoise. Elle fait partie d’un pays communiste tout en étant l’économie la plus libérale du monde. Très riches. Très pauvres. Elle est à la fois très belle et très laide. Hong Kong est tout et son contraire. Voilà en quoi elle me fascine. C’est une ville dont se dégage une sensuelle virilité tandis que la feminité de ses habitantes vous frappe au premier abord.

A Hong Kong, tout est possible et rien ne l’est.

Qu’est-ce qui a construit cette ville? La colonisation britannique avec ses guerres de l’Opium bien entendu. La rétrocession à la Chine qui a pourtant gardé ce bijou de l’ultra-libéralisme intact. Toujours tournée vers le monde, Hong Kong, mon Amour est pourtant en train de muter. Juste sous mes yeux.

Hong Kong n’est plus tournée vers le monde. Elle ne regarde plus que la Chine et ses possibilités de croissance. Hong Kong est en train de devenir chinoise, ne courtisant plus que cette Chine continentale qu’elle abhorre pourtant de tous ces mots et qu’elle rend responsable de tous ses maux (1).

Hong Kong ne recrute plus que des personnes qui parlent mandarin. Hong Kong exige désormais pour le moindre poste un chinois mandarin courant . Parlant, si je puis m’exprimer ainsi, lorsque l’on sait qu’à Hong Kong, on ne parle pas mandarin mais cantonnais. Cela signifie que le marché est entièrement tourné vers la Chine continentale, l’anglais n’étant même plus si utile en vérité (2).

Voilà plusieurs personnes que je vois repartir qui en Europe, qui aux Etats-Unis, qui s’expatriant dans un autre pays, parce qu’ils ont senti cette mutation. Et savent déjà que dans quelques années, leur poste sera pris par quelqu’un parlant le mandarin couramment. Plus d’évolution de carrière possible. Plus d’avenir. Alors, ils partent. Tant qu’il en est encore temps.

Faites ce simple exercice de parcourir les petites annonces. C’est assez éloquent. Plus un poste, quelle que soit l’industrie où le mandarin ne soit exigé.

Vous ajoutez à cela le fait que l’anglais soit exigé également et vous devinez aisément à qui tous ces emplois sont en réalité destinés : la diaspora chinoise.

Ces millions d’américains, d’anglais et de canadiens d’origine chinoise que l’on nomme ici respectivement, ABC, BBC et CBC (American Born Chinese, British Born Chinese and Canadian Born Chinese). Nombre d’entre eux sont également australiens.

Si un natif de Hong Kong peut tirer son épingle du jeu en ayant eu la possibilité d’étudier dans des pays anglo-saxons, on comprend bien qu’il ne parle pas forcément mandarin. Puisque sa langue natale est le cantonnais.

Il n’est bien sûr pas ici question de regretter les temps coloniaux où tous les postes de management étaient détenus par des dignes sujets de Sa Majesté la Reine d’Angleterre. Ces temps sont détestables et je ne les regrette pas pour ma part.

On peut tout simplement regretter qu’Hong Kong ait pris un chemin différent, exclusivement tourné vers la Chine tandis qu’elle devrait être tournée vers le monde entier! Etonnant pour une telle place financière de ne pas appliquer de simples principes de diversification de l’investissement ou de simple prudence.

Sans vouloir m’essayer à des prophéties idiotes, j’imagine cependant très bien que dans quelques décennies, c’est Singapour qui sera devenue cette ville foissonnante et multi-culturelle, brassant des gens aux cultures fondamentalement différentes, venus du monde entier pour apporter ce qu’ils sont.

On peut me rétorquer qu’un américain parlant mandarin est différent culturellement d’un anglais ayant le mandarin comme langue maternelle. Bien sûr. Mais il l’est plus encore d’un italien, d’un coréen ou d’un colombien. Et c’est le brassage des différences par la confrontation qui crée l’innovation.  Pas l’uniformisation.

C’est ce métissage pluri-culturel qui a fait de Hong Kong ce qu’elle est aujourd’hui.

Demain, je crains que ce métissage ne soit plus qu’uniforme et sans saveur, donc inexistant.

(1) http://edition.cnn.com/2015/03/03/china/hong-kong-china-conflict/

(2) http://www.scmp.com/comment/insight-opinion/article/1819092/hong-kong-must-not-sideline-english-language?page=all

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